Rêves et cauchemars, chapitre 14.

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Chapitre 14 :

 

La lumière verte qui émanait des mains de Shizune éclairait la petite pièce comme la flamme fébrile d’une bougie. Lorsqu’elle déposa ses paumes luminescentes sur le bras meurtri de Sakura, la jeune kunoichi retint une grimace de douleur. Elle détourna le regard des longues échardes de bois qui étaient incrustées dans son membre et attendit avec appréhension que les doigts de Shizune les retirent.

Naruto se tenait à l’autre bout de la pièce, encadré par les deux anbus qui les avaient ramenés sains et saufs à l’hôpital de Konoha. Assis sur son banc, le ninja n’arrivait pas à tenir en place. Il ne pouvait pas supporter de voir Sakura souffrir sur son lit d’hôpital.

-Détends-toi Sakura, murmura Shizune.

La jeune femme pinça entre ses doigts l’un des shrapnels incrusté sous la peau de sa patiente. La lumière qui auréolait ses mains glissa sur l’écharde et pénétra dans la chair. La kunoichi-médecin retira la pointe de bois d’un seul coup et plaqua sa main libre sur la plaie. Son chakra médical s’affairait à refermer la plaie tant bien que mal. Sakura baissa instinctivement l’échine en réprimant un cri de douleur. Shizune déposa le projectile sur le plateau chirurgical qu’elle avait fait apporter. Le tintement métallique de l’écharde fut comme un coup de poignard dans la poitrine de Naruto.

-C’était la plaie la plus importante à soigner, rassura la médecin, il n’y en a plus pour très longtemps.

Sakura hocha douloureusement de la tête ; sous son visage en sueur, les yeux de la jeune fille se perdaient dans les plis de ses draps comme pour s’éloigner de la souffrance qui lui collait à la peau. Mais en vain… La morsure de ses blessures se ravivait à chaque effleurement.

Naruto se mordit la lèvre, ses mains prises d’un léger tremblement. A la voir ainsi, chaque larme qu’elle versait sur son drap le faisait se sentir plus fautif que jamais. Il aurait pu éviter ça.

Si j’avais écouté Sakura, rien de tout ça ne serait arrivé…

C’est entièrement de ta faute…

 

-Naruto, est-ce que ça va ?

C’est alors qu’une main se posa sur son épaule, le ramenant loin des paroles de Kyubi. Naruto leva les yeux vers le visage masqué de Kakashi. Le shinobi d’élite était couvert de poussière, ses habits, déchirés à de nombreux endroits, révélaient de la violence des combats qui faisaient rage dehors.

-Kakashi-sensei ?..

Les deux anbus qui encadraient le jeune ninja tournèrent leur visage animalier vers le jounin. D’un signe de tête, Kakashi leur demanda de quitter la pièce. Sans poser de questions, les deux ninjas d’élite sortirent immédiatement, lorsque la porte de la chambre claqua derrière eux, Naruto pouvait entendre leur course à travers le couloir pour rejoindre le champ de bataille qu’était devenu Konoha.

Assis sur son siège, Naruto regarda au travers de la fenêtre et vit les panaches noirs de fumée qui s’élevaient au-dessus du village. Loin à l’horizon, il arrivait que des bâtiments s’effondrent, arrachant les cris de dizaines de personnes.

Combien de temps s’était-il découlé depuis le début de l’attaque ? Une heure, deux heures ? Pour combien de victimes ? Si peu de temps et le village était déjà à feu et à sang sans que Naruto n’ait pu faire quoi que ce soit. C'était si irréel...

-Shizune, est-ce que je peux te parler ? Demanda Kakashi.

Le shinobi s’approcha de la ninja-médecin qui terminait son travail de chirurgie. Elle hocha de la tête avant de déloger la toute dernière écharde du bras de Sakura. Avec toute la précaution dont elle pouvait faire preuve, elle banda le bras de la jeune kunoichi et le déposa contre sa poitrine.

-J’ai terminé Sakura, comment te sens-tu ?

La ninja baissa les yeux sur son bras pendant quelques instants. A la voir ainsi, elle paraissait concentrée, mais elle hocha négativement de la tête.

-Je n’arrive pas à bouger le moindre de mes doigts, grimaça Sakura, mon bras continue de me lancer.

-C’est normal, il faudra encore quelques temps avant que tu reprennes les pleines capacités de ton bras gauche. Quand à la douleur, je vais t’administrer un sédatif pour l’atténuer.

Shizune esquissa un sourire pour rassurer sa patiente.

-Maintenant repose-toi un moment, tu en as bien besoin.

Elle déposa sa paume luminescente sur le front de la jeune fille. A son seul contact, ses paupières tombèrent brusquement sur ses yeux et elle s’endormit dans un soupir.

Shizune se tourna alors vers Kakashi.

-Que voulais-tu me dire ?

-Comment va Sakura ?

Shizune eut un mouvement de surprise, mais ce fut la tristesse qui la rattrapa bien vite. Elle baissa les yeux sur la jeune kunoichi qui reposait sur le lit d’hôpital et se mordit la lèvre.

-J’ai retiré tous les éclats de bois qui étaient incrustés dans son bras, même les plus fins et les plus profonds, et j’ai soigné ses plaies du mieux que j’ai put…

Elle marqua un temps de pause qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Kakashi.

-Mais ? demanda le jounin.

Shizune leva les yeux vers Kakashi avant de détourner le regard immédiatement.

-Mais… en étudiant plus en profondeur ses blessures, j’ai découvert que bon nombre de ses nerfs ont été sectionné, ainsi que les muscles du biceps. Mais pire, j’ai repéré de minuscules échardes qui sont restés plantés dans les rares nerfs qui sont encore actifs… Elle a confirmé mon analyse en me disant qu’elle ressentait encore une certaine douleur…

« Kakashi, elle avait encore mal alors que je lui avais administré la dose maximale d’anesthésie que le corps humain peut supporter.

-Sois plus clair, Shizune. Dis-moi ce qui te tracasse.

Le visage de la jeune femme exprima une moue de gêne à la seule pensée de ce qu’elle s’apprêtait à dire.

-Je crains que Sakura ne puisse plus se servir de son bras gauche pour le restant de sa vie.

 

Cette annonce sonna comme un coup de gong dans la pièce. Même Naruto qui n’était pas censé entendre la discussion entre Kakashi et Shizune sentit son cœur cesser de battre l’espace d’un instant. Pris dans sa torpeur, il leva des yeux écarquillés sur Shizune, dont les yeux avaient brutalement glissé de côté pour ne pas croiser ceux de Naruto. Ce qui lui donna un incroyable coup en plein cœur.

Le jeune shinobi sentit un profond sentiment de solitude naître en lui, il avait l’impression que le monde autour de lui s’était subitement rétréci à cette seule chambre d’hôpital. Son regard ne savait plus où se poser, autour de lui tout semblait s’être effondré en une seule seconde. La tête entre les genoux, le ninja resta prostré sur sa chaise, ses ongles s’enfonçant dans son cuir chevelu.

Pourquoi…

Pourquoi tout ça…

Personne n’a mérité ce qui arrive aujourd’hui… Ni Konoha, ni ses habitants… ni même Sakura…

Le ninja n’osa pas poser son regard sur son équipière qui dormait d’un sommeil si paisible. Qui lui annoncerait ? Comment pourrait-il lui expliquer ? Comment réagirait-elle ? En se posant toutes ces questions, Naruto sentit une incroyable sensation de froid saisir sa cage thoracique et lui couper le souffle.

Jamais un tel sentiment de culpabilité ne l’avait envahit auparavant. Et il sentait au fond de lui-même qu’il ne pourrait jamais se pardonner d’avoir blessé Sakura. Jusqu’à aujourd’hui, il avait toujours eu l’opportunité de tout arranger, mais à cet instant il savait que Konoha serait à jamais marqué par ce jour sanglant, jamais il ne pourrait rendre son bras à Sakura.

 

-Avant de partir, voilà ce que Jiraya m’a demandé de te dire :

« Je te confie le village pendant mon absence. Protège-le comme le ferait un véritable hokage. »

 

-Je vois, soupira Kakashi, dans ce cas…

« Naruto ?

Le shinobi d’élite se retourna mais lorsque son œil se posa sur l’endroit où se tenait le genin, il ne vit qu’une chaise vide. Naruto avait disparu.

 

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